La commune, son histoire, son patrimoine, sa géographie, son économie


LE BLANC DE ZINC : un ilot ancien au passé industriel, inséré dans le quartier Saint-Clair dont la voirie est à réhabiliter

Ancienne usine reconvertie en ensemble résidentiel, le Blanc de Zinc porte encore aujourd’hui les traces de son passé industriel dans son architecture.

Le passé industriel du site

Cet ensemble résidentiel se compose d’abord de quatre édifices rectangulaires parallèles disposés deux à deux de part et d’autre d’une petite allée et séparés par une voie transversale qui débouche sur un terre-plein intérieur bordant la voie ferrée sur lequel autrefois existait un autre grand bâtiment qui a été démoli pour laisser place à des pavillons. Un sixième qui servait probablement à du stockage de matière première (hangar aux bois) subsiste encore à usage de débarras pour les propriétaires ou locataires des logements.

A l’origine, il s’agit d’une usine construite à partir de 1888 par M. Laurent qui obtient l’autorisation d’implanter une scierie mécanique associée à une activité de menuiserie et d’ébénisterie. Il est prévu pour chaque type d’activité liée au même matériau, le bois, que l’on fait venir par la voie ferrée du port de Honfleur, un atelier spécialisé. Deux autres bâtiments qui sont en façade de rue ont une autre vocation : le plus important est destiné à servir de vitrine pour l’exposition et la vente du mobilier (ce qu’on appel aujourd’hui un showroom), l’autre est découpé en logements destinés aux contre-maîtres de l’entreprise.

 On retrouve dans ces constructions tous les standards de l’architecture industrielle de la fin du XIXe siècle : une silhouette d’immeuble d’habitation pour chaque bâtiment, un toit à deux pans couvert de tuiles mécaniques, l’usage de la brique en parement, de très grandes baies pour éclairer les espaces de travail, plus nombreuses encore pour le bâtiment d’exposition en façade de rue. Le traitement des façades est très soigné, en particulier celui du bâtiment d’exposition.

Il témoigne d’un parti esthétique classique avec un scansion en travées délimitées par des chaînes. Les grandes baies sont couvertes d’arcs surbaissés en relief et les petites, au premier degré du pignon du bâtiment d’exposition, d’arcs en berceau reposant sur des demi-corniches. L’usage de briques de couleurs différentes, jaune et rouge, crée un effet de polychromie. Les briques jaunes sont plus particulièrement utilisées pour les éléments décoratifs (arcs des baies, bandeaux soulignant la séparation des degrés. Le soin apporté à cette architecture industrielle permettait d’asseoir le prestige de l’entreprise et de son propriétaire tant auprès de la clientèle que des employés.

L’entreprise Laurent qui a un statut de société en commandite, fait partie d’une branche d’activité qui s’est beaucoup développée à Honfleur dans la deuxième moitié du XIXe siècle en relation avec l’importation des bois du Nord. Elles s’étaient regroupées à proximité des bassins de commerce, reliées à ceux-ci soit par des voies ferrées de desserte, soit directement à la voie principale qui reliait Honfleur à Pont-Audemer ou à Pont-L’évêque. Une partie de la production pouvait ainsi facilement gagner l’arrière-pays honfleurais, le Pays d’Auge, le Lieuvin ou le Roumois et au-delà la région parisienne, par Rouen.

L’entreprise a fonctionné assez peu de temps (une petite dizaine d’année ? Peut-être un peu plus ?), sans rapport avec l’importance de l’investissement réalisé. On ne sait pas pourquoi le propriétaire décide dès 1890 de la mettre en vente. En 1900 une usine métallurgique se substitue à la scierie mécanique dans les mêmes locaux. Le 20 avril de cette année là le préfet autorise, après l’avis favorable du conseil d’hygiène du département, la société anonyme des métallurgies économiques dont le siège social est à Paris, 12 place de la Bourse, à y établir une usine pour le traitement par des procédés nouveaux du minerai de zinc. L’entreprise n’est autorisée à utiliser que la calamine (carbonate de zinc) comme matière première et non la blende (sulfure de zinc) dont le traitement thermique dégage de l’anhydride sulfureux (SO²) très toxique. Le nom de « Blanc de Zinc », est donc lié à cette production d’oxyde de zinc (ZNO), poudre de couleur blanchâtre utilisée dans la fabrication des peintures. Le minerai était importé d’Angleterre et grillé dans des fours. En 1911, l’installation d’un laboratoire fut autorisée dans l’usine sous réserve de ne pas nuire à l’environnement. La cheminée qui avait une hauteur initiale de 7 m, put être portée à 12 m. Le site cesse d’être exploité en 1914. En effet, à partir de cette date la filière zinc, du fait de nouvelles techniques de production faisant appel à une consommation importante d’électricité, utilisa surtout la blende et se concentra dans les vallées alpestres pour profiter des centrales hydroélectriques dont la production était meilleur marché que celle obtenue par des centrales thermiques au charbon.

L’évolution du site du « Blanc de Zinc ».

L’achat par la commune de l’ensemble des bâtiments et terrains aux Établissements Ullern et Cie (qui y avaient établi un entrepôt de bois après la fermeture de l’usine chimique), marque la fin de leur exploitation à des fins industrielles.

Cette acquisition pour 57 500 F permit à la municipalité de doter la commune d’un « salle des fêtes et d’éducation populaire » dans le bâtiment administratif et d’exposition et ainsi, de réaliser un projet qui avait été lancé avant la première guerre mondiale. Elle fournit en outre les locaux nécessaires pour accueillir le corps des sapeurs-pompiers et d’y abriter dans de bonnes conditions les motopompes. Les trois logements construits initialement pour les cadres de l’entreprise furent loués à des pompiers volontaires afin de leur faciliter l’exercice de leur mission. Des salles purent être proposées aux associations pour y tenir leurs réunions ou pour les répétitions de la fanfare locale (qui ne portait pas encore le nom de Réveil Saint Sauveurais). Enfin la société de tir put disposer d’un stand.

Compte tenu des réparations et des aménagements qui avaient été effectués, l’ensemble de l’opération revint à environ 100 000 F. Pour couvrir la dépense la commune avait emprunté 90 000 F à 6% sur 20 ans, ce qui représentait des annuités de remboursement d’environ 8000 F. Cette charge s’avéra rapidement insupportable pour le budget de la commune qui dut dans le même temps faire face à des dépenses de première urgence.

En 1925, le maire, M. Auber, fit voter la mise en vente des hangars et des terrains dont la location à des particuliers depuis 2 ans ne permettaient de couvrir qu’un peu plus de 10% des annuités de remboursement de l’emprunt. Compte tenu de la crise du logement qui sévissait alors, le conseil fit préciser que les 26 lots mis en vente seraient prioritairement destinés soit à la construction de maisons à l’emplacement du bâtiment détruit (en raison de son mauvais état ?), soit à l’aménagement de logements dans ceux qui étaient conservés. L’adjudication eut lieu dans la salle des fêtes, en juin 1926, sous la houlette de Me Beaumer, notaire à Honfleur. La vente rapporta un peu plus que l’achat, 3 ans auparavant, de la totalité du site, ce qui permit de rétablir la situation financière de la commune.

La transformation en îlot résidentiel ne se réalisa que très progressivement. Certaines parcelles ne furent bâties que dans les années cinquante.

Néanmoins les décisions prises au début des années vingt allaient déterminer pour plus de cinquante ans les conditions et les lieux de la vie associative communale. Le regroupement du corps communal de pompiers avec ceux de Honfleur, puis la vente de la salle des fêtes permirent d’achever le processus de transformation de l’îlot en espace à vocation uniquement résidentielle.

La nécessité de réhabiliter la voirie intérieure qui dessert les logements

Le « Blanc de Zinc » apparaît aujourd’hui comme un secteur délaissé de l’espace urbain qui a besoin de bénéficier d’une opération de réhabilitation de sa voirie (les logements sont des propriétés privées). La voirie qui dessert l’intérieur de cet ilot est en très mauvais état et aucun aménagement n’y a été réalisé pour le rendre plus fonctionnel et plus chaleureux. C’est pourquoi la liste « Réunis pour construire l’avenir avec vous » lors des dernières élections se proposait de profiter des travaux de requalification de la rue Saint-Clair pour rénover la voirie. J’avais en tant qu’adjoint sortant à l’urbanisme déjà fait estimer le coût de l’effacement des réseaux électriques et téléphoniques et la pose de nouveaux lampadaires. La réfection de la chaussée aurait pu être réalisée en même temps que celle de la rue saint-Clair. Une réflexion aurait été engagée avec les riverains sur la délimitation des places de stationnement, l‘aménagement paysager et la liaison piétonnière avec le chemin du banc Herbé afin d’encourager la circulation dans cet ilot qui paraît refermé sur lui-même.

Un nettoyage des abords de la voie ferrée est indispensable et la possibilité de réaliser une véritable voie piétonne débouchant sur le chemin du Banc herbé par le passage sous la passerelle ferroviaire permettrait de sécuriser le parcours. Le coût financier limité de l’ensemble de ces opérations aurait pu s’intégrer dans le financement global de la voirie de l’axe Saint-Clair.

Pascal LELIEVRE - Janvier 2021


Un avis sur “La commune, son histoire, son patrimoine, sa géographie, son économie

  1. Merci pour cet historique. Je ne connaissais pas l’origine de ces bâtiments magnifiques. Dommage qu’ils ne soient pas mis en valeur sur cette rue St Clair ! Un panneau explicatif pourrait aussi être posé sur la façade.

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